David Siodos

David est un photographe profondément enraciné dans la capture des aspects durs et marginalisés de la société : le déclin, la prostitution, les sans domicile, la toxicomanie et l'isolement. Son travail tend souvent vers l'abstraction, évoquant une vision poétique plutôt qu'un récit journalistique direct. Il s'inspire de photographes renommés tels que Michael Ackermann, Antoine d'Agata et Mateusz Kowalik, dont les œuvres explorent également des thèmes similaires. L'approche de David évite le voyeurisme et le sensationnalisme, se concentrant plutôt sur l'humanisation de ceux qui ont été dépouillés de leur humanité. Cette philosophie se reflète dans le titre de son exposition, « Dans l'ombre des vivants ».

David revient sur son parcours inattendu vers la photographie : « Rien ne me prédestinait à devenir photographe. Né en 1978 dans une famille modeste, la discrétion et le travail acharné ont été les pierres angulaires de mon éducation. J'ai suivi une voie conventionnelle sans trop d'écart. Plus tard, j'ai commencé ma vie professionnelle mais je ne me sentais pas épanoui. Par hasard, la photographie a tout changé. Sensible et curieux, je suis tombé sur une exposition près de chez moi, à Toulouse, qui présentait le travail de Willy Ronis. Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti un profond sentiment d'appartenance. Dès lors, j'ai décidé d'arpenter les rues à la recherche de moments fugaces et d'émotions uniques. J'étais perdue mais heureux. Finalement, je me suis retrouvé attiré par la périphérie de la ville, documentant la vie de ceux qui sont souvent ignorés - les gens dont on ne parle pas. Depuis lors, mon travail s'est concentré sur les modes de vie alternatifs, mettant en lumière la marginalité à travers différents environnements. À travers mes photographies, je m'efforce de présenter un monde difficile et reclus d'un point de vue humain et poétique ».

Il raconte son parcours personnel : « J'ai quitté mon emploi de vendeur chez Décathlon et j'ai passé neuf ans à documenter la vie d'individus marginalisés à Toulouse. Mon travail s'est déroulé en trois phases : la périphérie du périphérique, la ville elle-même et la forêt. Je me suis aventuré dans des lieux obscurs et difficiles d'accès qui m'ont offert des expériences de vie profondes, transformant mon rapport à l'autre. Il partage une citation poignante de l'un de ses sujets, Franck, qui dit : « Je suis malade, je ne suis plus capable d'affronter le monde. Je vis reclus ici, évitant le regard des autres. Les gens comme moi font peur... ».

Lors du vernissage de son exposition, David a présenté son travail avec une simplicité et une émotion palpable qui ont profondément touché le public. Ses photographies se caractérisent par leur générosité, leur subtilité et leur absence de mélodrame. À travers un objectif humaniste et compatissant, il redonne un sentiment de dignité à ceux qui endurent la souffrance, en offrant une représentation profonde et empathique de leur vie.